Thierry Vernet, une amitié

                         J’ai eu la chance de connaître Thierry Vernet ( compagnon de voyage de Nicolas Bouvier) et son épouse Floristella Stephani. De les cotoyer durant 2 ans à Paris…

    Jeune et naïf, je ne connaissais rien de leur parcours de vie, mais j’en devinais la richesse et l’intensité bien que l’un et l’autre étaient assez discrets, plutôt enclin à se dévoiler par petites touches.

      Un jour, la « révélation » s’est faite, lorsque Thierry Vernet m’a mis entre les mains un livre  « L’usage du Monde », en me disant :  » ça devrait t’intérêsser, ça raconte deux ans de voyage vers l’Asie avec mon vieil ami Nicolas Bouvier ! ».

 

Thierry et Floristella au Sri Lanka

« … j’étais bien content de voir ta figure d’intellectuel sensible souriant à Bénarès ; manipulant d’un geste large le ciel tout entier ou du moins un instrument à le mesurer. C’était gentil à C. de nous en envoyer une copie. Ça devait être amusant de revivre les « fleurs du Dimanche » tous les deux sur les gaths.

Merci aussi de tes deux lettres reçues de Thaïlande, de ton île paradisiaque. Ça nous a remémoré nos noces à Ceylan, face à un horizon sur lequel se déplacent des petits nuages comme des locomotives isolées. Tu as l’air en forme et d’ « enjoy your trip » à fond.

Les 60 ans ont passé en compagnie des Bouvier dans un petit bistrot près de la place Clichy. La veille nos copains White avaient fait un gâteau. C’est bien suffisant. Tant que j’étais dans la cinquantaine la dizaine suivante était 60, maintenant la prochaine c’est 70. cela ne me semble pas croyable mais pour la première fois, je prends conscience qu’une fois (peut-être) je serai vieux. Mais on a le temps. »

Thierry Vernet, Paris, Envierges 21 avril 87  – Extrait d’un lettre personnelle.

La photo en question dans le texte de Th.Vernet

…. Se parler, s’écouter attentivement les uns les autres, se donner de la chaleur, de la présence, que peut-on faire de plus ?

Etre paumé dans la vie, être soumis à l’errance, à l’instabilité sentimentale, ne pas être accepté, ne pas s’accepter, être l’esclave de sa propre nature, l’infinie détresse intérieure, l’inadéquation de soi-même à soi-même, bref la merde. C’est insupportable, et on supporte en adoptant des  attitudes analgésiques, des démarches claudicantes afin que le cailloux dans le soulier ne fasse pas trop mal.

Mais nous sommes destinés à mieux que cela, à être pleinement épanouis, à fleurir, c’est à dire « produire des fleurs ». Et quand on a la chance d’être artiste, d’avoir cette aptitude-là, alors la vie s’annonce bonne, même si elle apparaît dans  un  brouillard  poisseux.

La création n’est pas une fuite ou un refuge, c’est simplement notre parole, notre chant, de désespoir ou d’amour, ou de bonheur. Nous sommes fait pour ça, destinés à cette fonction, qui merveilleusement est à la fois une fonction naturelle, personnelle et sociale.

Mais pour ça, toute cette merde, il faut la digérer, donc la reconnaître. Voir les choses comme elles sont,  pas comme  on voudrait  qu’elles soient et encore moins comme « les autres » voudraient qu’elles soient.  Et ça, on est seul a savoir, et ça prend du temps , et pendant ce temps on souffre…

Et parfois on se trompe d’adversaire, car il y a de « vains ennemis », mais point de « vains combats « .

Nous avons tous une histoire personnelle et Unique, et c’est pourquoi nous sommes seuls à trouver réponses à nos questions. C’est pourquoi je ne crois pas l’ « Expérience », mais je crois à l’amour, à l’amitié et à la fraternité avec un petit f , celle qui se vit sur le terrain…

Thierry Vernet. Extraits de correspondances avec F. R. 

UNE BREVE RENCONTRE A DJAKARTA

Thierry Vernet a séjourné en 1988, en Indonésie, sur l’île de Java, pour y créer des décors de marionnettes pour la compagnie Recoing.  Par un heureux hasard, j’étais aussi sur cette île pour de toutes autres raisons et c’est avec grand bonheur que j’ai retrouvé mon ami Thierry à Solo  ( Java centrale ) pour quelques jours, puis plus tard lors d’une escale en retour vers la France, à Djakarta.

Thierry faisait des croquis sur de minuscules morceaux de papiers, tickets de bus ou coins de cahier. Un de ceux-ci s’est transformé en peinture : un portrait touchant avec l’ami Nurdine

Pour en savoir plus sur Th. Vernet et F. Stephani

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *